Le sympathique Éric Charden n’étant plus là pour chanter L’été sera sho, on réactualise son tube en L’été sera shoah. C’est vrai, quand on voit l’actu, on tombe de son mirador : soupe de shoah tous les soirs à la télé, rab de shoah à Cannes (un des deux shoah-movies risque de rafler la Palme en Or volé aux juifs), et en plus, une inconnue vient nous dire qu’on est nuls en mémoire de la shoah !
Il fait chaud à Cannes
- Toute l’équipe au complet du département Propagande du Mossad monte les marches à Cannes pour Le Fils de Saul
« La Shoah n’a plus le vent en poupe. Elle n’est plus un territoire sacré. Ceux qui ne le comprennent pas deviennent des ringards. Ils s’accrochent à un bateau qui coule. Personne pour raconter, personne pour écouter. C’est violent. »
Quand la littérature féminine de gare s’attaque à la shoah… Alors que Nathalie Skowronek – quelle plume magique, quel sujet original – se lamente de la victoire de l’Oubli sur la Mémoire dans son essai La Shoah de Monsieur Durand – merci pour la culpabilité en passant –, la shoah n’a en vérité jamais été aussi en forme qu’à l’aube de cet été 2015.
La carpette Hidalgo qui va faire sa tournée en Israël (et la manche en passant pour les 400 millions de trou du budget parisien ?) ; les crématoires à l’honneur dans Le Fils de Saul ; le film de Natalie Portman sur les juifs qui émigrent en Palestine grâce à l’antisémitisme ; Eric Cantona qui évoque dans Les Rebelles du foot sur Canal+ les républicains espagnols déportés à Mauthausen sauvés par le foot, car le commandant du camp, dingue de foot, organisait des matches entre détenus (aux gagnants une place aux cuisines, et la survie quasi-assurée)… Dis donc, jusqu’où va se nicher la remembrance !
Pour une fois, on est d’accord avec Finky, qui écrit dans Télérama :
« Enfin, je constate que la mémoire, qui devait éteindre l’antisémitisme, aujourd’hui en entretient la flamme. Le grand refrain antisémite, c’est : “Il n’y en a que pour les Juifs, ils sont les rois du malheur, et avec leur malheur, ils intimident l’opinion, ils essaient de criminaliser toute dénonciation de la politique israélienne.” Nous sommes sommés de considérer la traite négrière occidentale et la colonisation comme des shoahs, des entreprises génocidaires. Dès lors que nous récusons cette comparaison, nous sommes accusés de négationnisme. »
On attend avec impatience le pétage de plombs de Claude Lanzmann contre le réalisateur hongrois du Fils de Saul, salué par toute la presse comme une possible Palme, alors que Shoah l’a jamais eue, comme Les Chtis. On n’a pas fini de rigoler !
Un président sioniste massacré sur Twitter !
Un des avantages non négligeables du pouvoir, c’est que plus tu grimpes haut, plus tes erreurs ou saloperies pourront être non pas pardonnées, mais effacées, enfouies, sinon oubliées. En venant faire une espèce de conférence de presse devant Twitter, l’ex-président de la République, probablement coaché par un dircom ignorant, n’imaginait pas ce qui allait lui tomber sur la gueule. On aurait aimé lui demander « comment ça fait de bombarder un régime pour effacer des témoins gênants », mais on n’aurait sans doute pas eu de réponse. Cela n’a pas empêché ces salauds de Français de se lâcher sur les questions vaches, et rien que ça, fut un moment rare de démocratie journalistique en France, qui n’était pas le fait de journalistes professionnels, englués dans un système de pensée qui occulte l’essentiel. Les journalistes et les Français n’ont tout simplement pas les mêmes intérêts.
La phrase du mois
- Léa Salamé présente On n’est pas couchée
Attribuée haut la main à la journaliste sexuelle Léa Salamé, dans une interview au site de médias OZAP. Tenez-vous bien.
Question de haut niveau :
« Léa, votre arrivée dans “On n’est pas couché” a été bien accueillie par le public. Les chroniqueurs de cette émission n’en sortent pas indemnes. Vous veillez à ne pas vous “caroniser” pour ne pas vous carboniser ? »
Réponse salamesque :
« C’est une formidable émission, le seul endroit à la télévision française où il se passe des choses. On ne retient que les clashes, je le sais. Existe-t-il aujourd’hui à la télévision un autre endroit d’une telle densité, avec du fond, du rire, de l’humeur ? Effectivement, on peut déraper, on peut tomber, il faut peser chaque mot. Au bout de huit mois, je reste journaliste et je ne suis pas devenue polémiste. Je n’ai pas de cause à défendre, je suis juste là pour poser des questions, c’est nouveau dans l’émission. J’avais très peur de faire fuir le public mais c’est la meilleure saison en audiences. »
On répète la phrase, en se retenant de rire : existe-t-il aujourd’hui à la télévision un autre endroit d’une telle densité, avec du fond, du rire, de l’humeur ?
Sacrée Léa, si tu veux de la densité, du rire et de l’humeur, ne reste pas à la télé : tu sais bien que ONPC est au débat ce que BHL est à la philo. Non ? Tu ne savais pas ? Dans ce cas…
Todd / Zemmour, même combat
- Todd a traité Aphatie d’idiot utile (archive diffusée pendant Le Grand Journal), et Aphatie fait semblant de le prendre à la cool
Les idées nouvelles sont sur le Net, pas la peine de vous faire un dessin. L’hypercréativité des Français frustrés de vérité produit à une vitesse supersonique un corpus idéologique apparemment foutraque mais fondamentalement solide. En moins de 10 ans, depuis la démocratisation du haut débit (et ses conséquences incalculables sur la démocratie réelle, comme la pilule qui renversera le pouvoir masculin en France après 1968), cohérence et pertinence ont envahi la Toile. Les penseurs officiels ne peuvent plus l’ignorer, à moins de disparaître du débat. Ceux qui se positionnent, lâcheté et carriérisme obligent, du côté de la version officielle, perdent leur public, car la vérité est irrésistiblement attirante. Cependant, d’autres ont compris qu’il fallait évoluer, et aller vers le feu : en se brûlant un peu les doigts, ils ramassent les braises encore chaudes du grand incendie de l’information dominante. Ce qui ne brûle pas, c’est du solide.
Ceux qui ne prennent pas ce risque sont foutus : abandonnés du public intelligent, ils parlent dans le vide, malgré la puissance (sourde) de la propagande, qui donne un écho disproportionné à un discours que plus personne de sensé n’écoute. Selon le principe : plus c’est con, plus on pousse le son. Les semi-dissidents (Zemmour, Todd, Finkielkraut) font évoluer leur pensée, jusqu’à une limite bien comprise, la ligne Oder-Neisse imposée par le pouvoir unique, qui fusionne les six faces de notre système : médiatique, politique, juridique, bancaire, économique et culturelle. Todd paraît à la fois tout heureux de provoquer les bien-pensants, mais en même temps, on voit bien qu’il tremble d’avoir déclenché les foudres du Diable. À 64 ans – c’était son anniversaire le 16 mai – il s’offre une belle tranche de frisson bourgeois !
Attali se surpasse et se dépasse
- Sacré Cattali, toujours le mot pour déconner !
Dans Médias, le mag, l’émission de Thomas Hugues sur France 5, diffusée le 10 mai 2015, Jacques Attali en a encore sorti une bonne :
« L’autre jour j’ai parlé avec le principal responsable de Google… »
Avec Jacques, il faudrait tout vérifier. Il est possible que notre génie visionnaire ait pu entrer en contact (par mail) avec une huile de Google (France), mais sa phrase laisse planer une certaine ambiguïté. C’est ce que rappelle avec humour le site Numerama le 25 avril dernier, lorsque notre pauvre ministre de l’Intérieur avait cru rencontrer « les dirigeants d’Internet ».
La confusion entre les vrais créateurs à la fois conceptuels et techniques du réseau mondial, et les requins affamés de données personnelles que sont les géants américains, montre l’ignorance, la cécité, ou le cynisme de « nos » autorités. Attali, souvent de bonne foi dans ses exagérations et vantardises, tombe dans le même piège. Il ne faudrait quand même pas que ce conseiller des rois (on comprend pourquoi ils merdent toujours) finisse en espèce de barde national : Attalix, le mec qui fait rigoler à son insu petits et grands de 7 à 77 ans !
Elie Semoun ou le racisme sémite autorisé
- Semounouna !
L’ex-moitié de Dieudonné a fait son Dieudonné. Lors du Cyril Hanouna Israël Alya Show (CHIAS) sur D8, plus sobrement intitulé Touche pas à mon poste avancé en territoire palestinien, Semoun s’en est pris aux trisomiques, une catégorie pratique à vanner puisqu’elle ne dispose pas (encore) d’un lobby agressif dans les médias. À E&R, personne ne voudra jamais la peau d’un humoriste, surtout s’il déconne : c’est dans l’ordre des choses de déconner. À sa place, on aurait dénoncé la shoah des trisomiques à la naissance, mais ça ne semble pas très vendeur. Et pour un humoriste qui se revendique comme juif, un sujet pas vendeur, c’est un sujet tabou.
Quand deux faux journalistes flinguent un faux humoriste
- Même sans humour, Gad est irrésistible
Gad Elmaleh a eu toute une émission de service public pour (faire) pleurer sur son sort : le 15 mai, dans C à vous, Anne-Sophie Lapix-Sadoun a recueilli les lamentations du multimillionnaire, dont le mariage d’amour fiscal avec une jeune Monégasque a défrayé la chronique people.
Avant cela, Davet & Lhomme, la paire de récupérateurs de dossiers hollandistes (ils ont tout simplement pris la place de Plenel) rémunérés en tant que journalistes au Monde, avaient inclus Elmaleh dans la boucle des criminels fiscaux de la filiale suisse de la banque HSBC, pour un compte créditeur de 80 000 €, une misère. Prudents, la paire de flics ajoutait que le litige avait été réglé, que Gad était désormais en règle. Normal, pour une affaire datant de 2006-2007… Une révélation à deux balles, alors qu’Elmaleh gagne déjà 450 000 €, comme le magazine Capital l’avance, pour sept spots de pub LCL. Enfin ça, c’est le chiffre officiel. On parierait sur au moins trois ou quatre fois ça, dont une partie au black, sachant déjà que Didier Porte a refusé 340 000 € pour des réclames Peugeot en radio ! Ou que Depardieu gagnait déjà un million d’euros il y a 20 ans pour des pâtes italiennes…
Quand on pense que Gad Elmaleh a été payé avec le fric des frais bancaires piqués aux pauvres clients de LCL, qui profite de la crise comme un usurier de la Judenstrasse à Francfort, dans les années 1780… Quoi ?
Pourquoi les acteurs évoquent-ils une ascendance juive
sans qu’on le leur demande ?
On se croirait revenus dans l’Allemagne des années 30, mais à l’envers, avec le pourcentage de sang juif dans les veines, qui débouche automatiquement sur tel ou tel rang dans l’échelle sociale. On plaisante à peine, écoutez ce qui suit. Si ça continue, on va trouver du sang juif à Dieudonné.
Le réalisateur Éric Rochant au magazine Voxpop :
« J’avais 16 ans en 1977, mais je n’ai jamais été punk, même si je reconnais l’influence de ce mouvement. Le punk, c’était trop désespéré pour moi. Au lycée, j’avais un pote punk, complètement dans la pose no future. Il a fini par se suicider. C’était logique que ça se termine comme ça. Il a respecté son idéal d’adolescent. Moi, je ne suis pas dans le nihilisme. Je mets ça sur le compte de mes origines juives. Chez les juifs enfants de survivants de la Shoah, il n’y a pas de nihilisme. La survivance est antinomique de la désespérance. Même dans le pire des malheurs, il faut savoir se lancer des vannes. Comme chez Charlie Chaplin ou les Marx Brothers. »
Notre commentaire : 100 % d’accord avec Éric, le réalisateur des Patriotes, un film sobre et fort bien renseigné sur le Mossad. Il aurait pu rajouter Dieudonné dans les comiques, mais accepter l’humour sur tout, c’est déjà pas mal. Pour info, c’est lui qui est aux commandes du Bureau des légendes, la dernière série Canal, sur la DGSE. Du bon boulot, très près de l’humain, avec Kassovitz et Darroussin. Eh ouais, quand elle est bonne, on ne crache pas sur la production française, nous.
- En sortant d’Auschwitz, Marina a su rester belle
L’actrice Marina Foïs au magazine Psychologies :
« Parce que je trouve qu’en ce moment on nous demande trop de nous définir par un “je suis né à…”, comme si cela faisait une différence dans la façon dont on méritait d’être traité. Et puis parce que, dans ma famille, cela n’a pas beaucoup de sens. Mes grands-parents sont de quatre origines différentes : j’ai un grand-père russe et une grand-mère juive égyptienne du côté maternel, une grand-mère allemande et un grand-père italien du côté paternel. Donc le sentiment d’appartenance à une communauté ou à une nation est très flou chez moi. Je me sens avant tout d’une ville cosmopolite où, adulte, j’ai choisi de vivre. […] Je me souviens qu’un jour, dans la classe, on nous a demandé qui n’avait pas seulement la nationalité française. On a été deux à lever le doigt : moi, qui avais aussi la nationalité italienne, et une fille qui avait la nationalité portugaise. Et là, j’ai compris que c’était une différence. Et que l’on était une minorité. C’est dommage, mais pour un enfant, ce n’est pas confortable. Avec le recul, je me dis que c’est une force. Je me souviens aussi parfaitement du jour où j’ai appris que j’étais juive, ce qui n’est pas banal puisque j’ai grandi dans un milieu complètement athée. Et pourtant, même si je ne savais pas ce que cela voulait dire, j’ai senti que c’était une information de poids. »
Notre commentaire : Marina commence par dire qu’on n’a pas à se définir comme ceci ou comme cela, mais elle finit par insinuer de deux façons différentes qu’elle serait un peu juive, l’air de rien, en passant, na na na, mais que ça fait aucune différence d’être ceci ou cela. Mon cul ouais !
- L’amour est dans le prépuce
Karine Le Marchand explique au magazine Famili son choix de prénom :
« Le père de ma fille est juif-hongrois [Rassure-nous, c’est pas Sarko ? NDLR]. Mon père vient du Burundi. Nous avions très envie pour notre fille d’un prénom qui évoquait nos deux origines. Chose qui n’était pas facile ! Et nous avons trouvé Alya. Alya qui veut dire en swahili (donc pour les origines de mon père) "la plus fervente", et en hébreu, "la montée vers Dieu qui passe par le retour à la terre promise". »
Notre commentaire : Karine, même si elle n’est pas une intellectuelle, arrive quand même à comprendre qu’à la télé, il faut un minimum de sang juif, même venu de loin. Après Alya pour sa fille, qui correspond à l’exode massif des juifs français persécutés par les attentats de janvier 2015 à Paris, nous proposons Merkava pour son fils. Sinon Mossad, au cas où Merkava ferait trop gonzesse. À ne pas confondre avec Mossadegh, le Premier ministre iranien partisan de réformes sociales (la sécu en 1952 !) et de la nationalisation du pétrole. La CIA ne lui pardonnera pas cet écart. L’Iran perdra 25 ans. Et après c’est eux les méchants !
L’antifascisme débile rend le fascisme attractif
- Le logo figure en bas à droite
Bravo à la propagande, et merci aux valets du système : leurs sorties médiatiques sont tellement frappées d’inconséquence – quand il ne s’agit pas de mensonge direct – qu’elles augmentent automatiquement la crédibilité du contrepouvoir informationnel qui sévit sur le Net.
En vérité, pas besoin de faire grand-chose : il suffit d’attendre que la grosse trébuche, et lui piquer ses armes. Principe de la guérilla, qui consiste à éviter toute opposition frontale, qui serait de toute façon perdante, et à piquer la bête lorsqu’elle montre des signes évidents de fatigue, de faiblesse, voire de folie.